26Nov

« Laissons le temps au gouvernement pour remodeler et booster le secteur privé »

Un des plus grands hôteliers du pays, Mamadou Racine Sy est aussi le premier vice-président du Conseil national du patronat (CNP) et président du Patronat du tourisme et de l’hôtellerie du Sénégal.

Accroché après son vote, lors du scrutin du 17 novembre 2024, au centre Élimane Racine Sy de Podor (région de Saint-Louis), le président de la Fédération des organisations patronales du tourisme et de l’hôtellerie de l’espace UEMOA et CEDEAO s’est donné à cœur ouvert sur un secteur qu’il maîtrise, et ce, avec maestria : le privé.

Dans cet entretien à bâtons rompus, il évoque l’apport du secteur privé pour soutenir la politique de croissance économique et de création d’emplois portée par le gouvernement sénégalais conduit par le Premier ministre Ousmane Sonko, sous l’impulsion du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye.

Interview réalisé par Ibrahima KANDÉ

Questions

Q: Le gouvernement a maintes fois répété vouloir faire du secteur privé un levier pour booster la croissance économique du Sénégal. Qu’en pensez-vous ?

Réponses

Le secteur privé sénégalais doit jouer un rôle important dans la stratégie de croissance du gouvernement sénégalais. On ne peut pas faire l’impasse sur le secteur privé. C’est lui qui est porteur de croissance et créateur d’emplois. Si vous vous souvenez, au lendemain de l’accession du président Bassirou Diomaye Faye à la présidence de la République, il avait lancé un appel au secteur privé. Il nous avait tendu la main et nous avions, par ma voix, répondu favorablement le jour de sa prestation de serment où j’avais dit que le secteur était prêt à travailler, la main dans la main, avec le gouvernement sénégalais dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Et nous réitérons notre vœu de participer, avec le gouvernement, à la réflexion et à la mise en œuvre des mesures qui nous semblent indispensables pour booster l’économie sénégalaise.

Q: Mais, est-ce que vous sentez cet appel du chef de l’État se matérialiser ?

Notre message a été entendu. Pour preuve, la semaine dernière, lors du Conseil des ministres, le Président a mis l’accent sur un secteur aussi stratégique qu’est le tourisme, deuxième secteur d’activité économique au Sénégal. Le tourisme est, en fait, une sorte d’exportation sur l’État. Nous sommes apolitiques par définition. Donc, ce qui nous importe, c’est que nous soyons dans un cadre réglementaire qui puisse nous permettre de faire épanouir nos activités. De ce que je vois, le gouvernement l’a bien compris. D’ailleurs, dans ses visites, le président de la République part avec les membres du secteur privé. Cela a été le cas en Chine et ailleurs.

Q: Par ailleurs, l’émigration clandestine continue son lot de morts et de désolations. Qu’est-ce que le secteur privé peut apporter comme solution contre ce phénomène ?

Ce problème migratoire, où les gens, dans la quête d’un mieux-être, courent des risques, souvent mortels, pour aller en Europe, ne peut pas être réglé sans l’apport du secteur privé. Il faut, au Sénégal, qu’on ait une approche et une adéquation formation-emploi. L’employabilité n’est possible qu’à ce prix. Le Sénégal est devenu un État pétrolier et gazier. Il faut donc qu’on ait une concertation, de véritables assises entre le gouvernement et le secteur privé, pour lutter contre l’émigration clandestine.

Q: Apparemment, l’État a compris la nécessité d’avoir une adéquation formation-emploi pour permettre au secteur privé d’employer. Est-ce cela qui explique la création de nouvelles filières ?

Même si l’État crée des filières, c’est le secteur privé qui recrute. Donc, la création de filières doit se faire en concertation avec le secteur privé qui est appelé, demain, à les utiliser. Nous estimons que le gouvernement a conscience qu’il faut soutenir le secteur privé. C’est, en tout cas, ce que nous ressentons dans les déclarations du président de la République et celles du Premier ministre.

Q: Il y a vraisemblablement une volonté manifeste du gouvernement sénégalais à redistribuer les cartes ?

Au niveau de la pêche, des mesures ont été prises. Il y a eu une remise en cause de l’accord qui nous liait avec l’Union européenne. Le gouvernement a à cœur de protéger les ressources halieutiques au Sénégal. Il n’est pas normal que les pêcheurs nationaux ne puissent pas avoir accès à la ressource halieutique au profit des étrangers.

Nous ne jetons l’opprobre sur personne, mais les ressources nationales doivent d’abord profiter aux nationaux. Le gouvernement a pris l’exacte mesure de la situation. Petit à petit, les choses vont évoluer. Paris ne s’est pas construit en un seul jour. De même que Dakar. Il faut qu’on laisse le temps au gouvernement de mettre en place les mécanismes qui pourront, en réalité, remodeler et booster le secteur privé. Et que l’on crée aussi, dans chaque secteur, des champions nationaux.
Il faut également que l’on puisse identifier, et c’est déjà fait, les cinq, voire dix, produits qui sont les plus importés au Sénégal et qui passent le cordon douanier, et que nous les produisons ici même. Et c’est bien possible.
Est-ce que la consommation de riz ou le nombre de moutons importés à chaque Tabaski est normal alors que nous avons les moyens d’en produire suffisamment, il suffit simplement de creer les conditions

Q: Les précédents régimes des présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall ont tous théorisé et tenté d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais n’ont pas pu réussir. Selon vous, sur quels leviers doit se baser l’actuel régime pour atteindre cet objectif salutaire pour le Sénégal ?

Au Sénégal, les politiques publiques et les ambitions ne manquent pas. Mais, le problème que l’on constate, c’est que beaucoup de choses sont velléitaires. On commence des choses au Sénégal qu’on ne termine jamais. Il faut un changement de mentalité et qu’on fasse comme les autres pays, notamment la Chine, la Corée et même le Rwanda qui, avec peu de choses, se sont développés de manière extraordinaire. Il faut qu’on arrête d’être velléitaires. On pose la première pierre, mais ça ne finit jamais.

« Le tourisme est une sorte d’exportation sur place. C’est un secteur transversal qui impacte sur tous les autres secteurs d’activités au Sénégal. Quand il marche, le bâtiment, les produits halieutiques et maraîchers, bref, tout marche »

Lire toute l’interview ici:

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